La politique de privatisation du gouvernement ivoirien dans le cadre du programme économique à moyen terme (1990-1995)

Depuis le debut des annees quatre vingt, la privatisation est devenue un phenomene mondial(l). Elle s'est imposee aussi bien dans les pays industrialises ( Grande Bretagne, Allemagne, Canada, France, Italie etc.) que dans les pays en voie de developpement d'Amerique Latine, d'Asie ou d'Afrique. En Europe de l'Est, la fin du communisme et la mutation des Etats vers l'economie de marche ont porte la privatisation au devant de l'actualite pour devenir presqu'une mode autour du slogan «private is good, public is bad».
Dans le monde, on estime a pres de sept mille le nombre d'entreprises concernees dans environ 80 pays qui ont elabore des
programmes de privatisation(2). Ce renouveau du liberalisme qui se manifeste a travers la privatisation est fondamentalement lie a la crise economique qui secoue les pays. Dans la plupart de ces pays, on privatise beaucoup plus par necessite que par conviction, pour juguler la crise economique. Une crise dont Jes effets laisseraient entrevoir la responsabilite du secteur public, notamment Jes entreprises publiques qui ne parviennent pas a atteindre les objectifs qui leur sont assignes en depit d'importants moyens financiers que leur affectent Jes pouvoirs publics.
Si le surdimensionnement du secteur public est un probleme mondial, il a revetu un caractere tout particulier dans les jeunes Etats africains fraichement sortis de la domination coloniale. Martin KANGUEM dira a ce propos que «I'Etat est au confluent des interets contradictoires. Il est a la fois premier producteur, premier client, premier banquier, seul collecteur d'impot et le legislateur economique ( ... ) principal pourvoyeur de subventions(3)». Thierry MICHALON reieve pour sa part que cette omnipresence est paraiysante. «i'Etat (africain) veut tout faire, (c'est) un Etat non pas totalitaire mais total( ... ) qui tient a tout diriger, a tout controler, tout imposer d'en haut. Tout doit converger vers Jui. Tous doivent agir avec Jui et sous son controle»...