Contexte socio-economique de l'introduction de nouvelles variétés de manioc sur plateau Adja (Département du Mono) : une etude de cas de deux villages

De l'étude diagnostic menée sur le plateau Adja, il ressort que les faibles rendements , la sensibilité aux maladies des variétés locales du manioc et la· baisse de fertilité des sols étaient les contraintes majeures de la production du manioc. En 1989, des essais aux champs ont été conduits dans les villages de Touléhoudj i et de Zouzouvou, en utilisant quatre variétés: TMS 30572, Odoungbo, Agric et Isarël pour rectifier le tir. Cette étude avait pour but d'apprécier les aboutissements possibles de l'introduction de ces variétés. L'objectif général était de déterminer les contraintes techniques et socioéconomiques majeures de l'extension de ces variétés à travers l'étude des dynamiques de production du manioc et les déterminants sociaux et économiques dans les villages concernés. Pour atteindre cet objectif, un questionnaire standardisé était utilisé et soumis aux trente paysans ayant reçu les boutures des différentes variétés. Des informations complémentaires furent obtenues par des interviews formelles et informelles avec beaucoup d'autres habitants des deux villages. L'analyse à l'ordinateur a été utilisée et les données ont été soumises à la distribution de fréquence, à la régression multiple. L'analyse des variances pour voir l'effet des paramètres agronomiques est utilisée et les moyennes étaient comparées par la méthode de PPDS. Les résultats ont .-montré que les paysans préfèrent les variétés précoces, à rendement élevé. De plus les variétés doivent avoir une valeur technologique appréciable (rendement élevé en gari, qualité de gari notamment) et une teneur faible en acide cyanhydrique. -En effet, les variétés Agric et Isarël bien qu'étant tardives donnent satisfaction sur le plan de la sensibilité à la teneur en fécule, productivité et acceptation par les paysans. Ce résultat est obtenu parce que les paysans· ont accepté d'utiliser les deux variétés des quatre proposées. Ces variétés ne modifient pas leur tradition et se prêtent à la préparation du gari et du "manioc pilé" (Koutougoun) tout en s'imposant sur le plan de la vigueur et de la productivité. TMS 30572, n'est pas acceptée à cause de sa toxicité. Odoungbo, la variété précoce est sensible à la mosaïque africaine, la bactériose vasculaire et se caractérise par un
nombre faible de racines par pied. Les résultats ont aussi montré que beaucoup de paysans sont de petits exploitants et des métayers. Ils sont pauvres avec des ressources limitées. Leurs champs sont dispersés. La plupart de ces paysans ont un faible accès au crédit. Ce facteur conduit à une faible adoption de la variété Agric. Enfin pour être adoptables, les variétés proposées doivent être précoces, pouvant être récoltées déjà à 7 mois. En outre, elles doivent avoir un bon rendement et une valeur technologique et agronomique appréciable. Les variétés Agric et Isarël doivent être améliorées pour la précocité et Odoungbo pour la résistance et pour le nombre important des racine, par pied. La variété TMS 30572 doit être introduite dans les grandes régions productrices de gari. Gbézékoutou, variété introduite par les paysans eux-mêmes est en train de concurrencer Agric.
L'unité de Transfert de Technologie doit s'attacher à multiplier cette variété et procéder à la distribution des boutures aux paysans. Le manioc, étant une culture de la majeure partie des petits exploitants, l'accès au crédit, et à certains intrants
doit être pris en compte.