UNITE NATIONALE ET MUTATIONS POLITIQUES: ESSAI SUR UNE REGULATION SYMBOLIQUE ET CONSERVATRICE DU SYSTEME POLITIQUE CAMEROUNAIS (1982 – 2000)

Authors

Jean NJOYA
UNIVERSITE DE YAOUNDE II, FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES, DEPARTEMENT DE SCIENCE POLITIQUE

Keywords:

UNITE NATIONALE, POLITIQUES, REGULATION SYMBOLIQUE, CAMEROUN

Synopsis

L’unité de l’Etat est un concept constitutionnel qui a reçu ses lettres de noblesse dans la loi fondamentale du 2 juin 1972 à la suite d’une construction idéologique ‘‘pragmatique’’2 entreprise par le Président Ahidjo à partir de 1962. Elle évoque l’idée d’unicité et d’indivisibilité conforme à la tradition jacobine. En science politique, l’expression ‘‘unité nationale’’ est beaucoup plus usitée parce qu’elle suggère une dynamique ayant prise sur la société. C’est un concept idéologique qui valorise la dimension unitaire de la construction de la communauté politique au détriment de sa nature fondamentalement plurale. A ce titre, il alimente les pratiques discursives des ‘‘entrepreneurs politiques’’ même si sa permanente évocation n’a souvent été qu’une arlésienne. L’idée de l’unité nationale a été ‘‘fétichisée’’ et sa seule répétition sur divers théâtres institutionnels a suffi à lui conférer un statut identitaire.
Le Président Ahmadou Ahidjo n’avait jamais conçu l’unité et l’intégration nationales que comme une entreprise ‘‘unanimisante’’, un processus d’occultation tendant à inhiber le pluralisme socioculturel au profit d’une hypertrophie du pouvoir central. C’est ainsi que le Chef de l’Etat dénonçait en 1970 le multipartisme qu’il assimilait au tribalisme dont l’expérience des années 1950-1960 en avait administré la preuve. Le parti unique est alors considéré comme l’instrument par excellence de gestion des sociétés plurales dans la construction de la nation. Le pluralisme culturel est combattu parce que
renvoyant aux ‘‘patries secondaires’’3 . Une telle conception a suscité chez les politistes soucieux d’en faire un bilan ‘‘des problématiques plutôt instituées’’.
Les uns appréhendent l’unité et l’intégration politiques en termes conflictuels entre le centre et la périphérie de sorte que la victoire du centre entraînerait tout d’un coup l’unité nationale5. Conception mécanique et caricaturale traduisant l’unilatéralité de la construction de l’unité nationale...

Downloads

Download data is not yet available.

References

DONFACK SOKENG(L), LE DROIT DES MINORITES ET DES PEUPLES AUTOCHTONES AU CAMEROUN, Thèse de Doctorat en Droit, Université de Nantes, 2001.

FOGUI(JP), AUTORITES TRADITIONNELLES ET INTEGRATION POLITIQUE AU CAMEROUN, Thèse d’Etat en science politique, Bordeaux I, 1980.

MBOME(F.X), L’ETAT ET L’EGLISE AU CAMEROUN, Thèse de doctorat d’Etat en science politique, ParisII, 1979.

NGADJUI(N), LA CONCEPTION CAMEROUNAISE DE LA NATION, Thèse de Doctorat de 3e cycle en science politique, Université de Yaoundé, 1987.

NGUELIEUTOU(TA), LE "PEUPLE" DANS LA VIE POLITIQUE CAMEROUNAISE POST-COLONIALE, Thèse doctorat en Science politique, Université de Yaoundé II, 2004.

NJOYA(J), LE POUVOIR TRADITIONNEL EN PAYS BAMOUN :ESSAI SUR LA PARENTE GOUVERNANTE, Thèse doctorat de 3è cycle en science politique, Université de Yaoundé II, 1994.

OWONA(J), LA NOTION D’INTEGRITE TERRITORIALE DANS LA VIE POLITIQUE ET LE DROIT CONSTITUTIONNEL FRANÇAIS DEPUIS 1789, thèse de doctorat d’Etat en droit, Université de Droit, d’Economie et de Sciences sociales de Paris II, 1972.

SEUTCHEU(M), LES PARTIS POLITIQUES CAMEROUNAIS ET LE SYSTEME DES NATIONS UNIES (1949-1961), Thèse de Doctorat de 3e cycle en Science politique, Université de Yaoundé II, 1993.

Published

June 23, 2023

Series

Details about this monograph

Physical Dimensions