Ahmed Baba Es-Sudani et les anciens manuscrits de Tombouctou

Authors

Ahmadou TOURE
Centre de Formation et d’Appui Conseil pour le Développement Local

Keywords:

Manuels, intellectuels, littérature, manuscrits, héritage intellectuel, littérature écrite, transmission de connaissances, Tombouctou, Mali

Synopsis

Tombouctou, cité du savoir du XVIe au XIXe siècle a été longtemps le symbole d’une
destination exotique et difficile d’accès pour les Européens.
Mais pour tout le continent africain, elle était une ville au carrefour des commerces et
des idées, un phare de l’enseignement religieux, philosophique, des cultures, au temps
du Royaume de Songhaï (XIIe au XVIe siècle).
Les marchands arabes venaient à Tombouctou troquer le sel et d’autres biens contre l’or
et l’ivoire. Dans leurs ballots, il y avait des livres dont la mosquée de Sankoré et de son
complexe universitaire de 25000 étudiants étaient friands, Ahmed Baba étant le plus
brillant et le plus célèbre de ceux-ci.
Ahmed Baba s’intéressa très jeune à tout ce qui touchait aux sciences, à la philosophie
et à la littérature. Lui-même était un éminent grammairien, sa bibliothèque était célèbre
dans tout le pays. De son vivant, il eut déjà maille à partir avec le sultan de Marrakech
El Mansour car d’une part, Ahmed Baba s’opposait à une vision unique et figée de
l’islam et d’autre part, il avait rédigé un texte particulièrement brillant où il démonte
une à une les justifications données par la religion musulmane à l’esclavage des Noirs.
Ahmed Baba a également écrit la biographie de plusieurs savants de Sankoré, à une
époque où, rappelons-le, la civilisation malienne était à son apogée. Sa bibliothèque
était riche de 1600 manuscrits. De nombreux érudits africains possédaient également de
très belles bibliothèques.
Deux ans après le saccage de Tombouctou par les troupes d’El Mansour en 1591,
Ahmed Baba fut fait prisonnier et exilé à Marrakech où il continua à écrire, notamment
des poèmes, dans lesquels il pleure son pays natal. Il obtint du sultan, l’autorisation de
quitter le Maroc en 1607, revint à Tombouctou en 1608. Il y reprit son enseignement et
mourut en 1627.
Les manuscrits de Tombouctou se sont conservés très bien grâce au climat sec de la
ville, la majeure partie de l’année. Par contre, ils ont souffert du sable, du vent, de la
chaleur, du feu, des termites, de la transpiration, des manipulations mais aussi du fer
contenu dans les encres qui ont servi aux copies au XIXe siècle, de l’acidité du papier et
de la corrosion par le métal des coffres dans lesquels ils étaient enfermés.

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References

 Dubois (Félix), Tombouctou la mystérieuse, Paris, Ernest Flammarion, 1972, 382

pages.

 DURAND (Oswald), René Caillié à Tombouctou, Mame, 1943.Cartonnage

éditeur.167 pages.

 Essadi (Adderhaman), Tarrikh Es – Soudan, texte arabe, trad. par O. Houdas,

Maisonneuve Paris, 1981, 534 pages.

 Ibn Khaldoum, Discours sur l’Histoire Universelle (Al Muqaddima), texte arabe,

trad. par Vincent Monteil (Paris/Arles, Sind Bad/Actes Sud, 3e édition, 1997), 458

pages.

 Kati (Mahmoud et Ibn Moctar), Tarrikh El Fattach, texte arabe, trad. par O.

Houdas, 2ème édition, Paris, Maisonneuve, 1964, 362 pages.

 Paul MARTY: Etude sur l’islam et les tribus du Soudan, T. I, les Kunta de l’Est, éd.

Leroux, Paris, 1920, 475 page

Published

November 26, 2012

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