L’EMPREINTE DU DARFOUR SUR LA CRISE TCHADIENNE : DE 1966 À 2008.

Le continent africain a subi depuis la fin du 19ème siècle la colonisation qui a déstabilisé ses structures. Peu avant le début des années 1960, les colonisateurs ont légué aux Africains un nouveau mode d’organisation socio-politique, c’est-à-dire l’État-nation, non adapté aux réalités locales africaines confirmant alors ce que disait Hegel1 au sujet de l’Afrique. Pour ce savant allemand, l’État représente la maturité de l’Esprit humain qui est arrivé à un niveau objectif et capable de se dépasser. Pour ce faire, celui-ci ne doit pas être une imposition comme c’est le cas en Afrique mais une construction. Or, en Afrique l’État est un legs, voire une imposition. C’est la raison pour laquelle depuis lors – c’est-à-dire après les indépendances – ce continent est le théâtre de conflits de toutes natures. Le Tchad qui est l’un de ces pays d’Afrique n’échappe pas à la règle. Juste après son accession à l’indépendance, celui-ci a traversé et traverse encore des troubles provoquant l’instabilité du pays à tous les niveaux. Plusieurs facteurs conjugués ont entretenu ces troubles plongeant le pays dans cette situation de crise. Or, parmi ces facteurs, le Darfour qui est une région située à l’Ouest du Soudan et faisant frontière avec l’Est du Tchad, occupe une place prépondérante dans ce que nous pouvons qualifier de « mal tchadien ». Il importe de mener une réflexion à ce sujet. Dans cette perspective, nous entreprenons une recherche sur le sujet suivant : « L’empreinte du Darfour sur la crise tchadienne : 1966- 2008 ». La question qui vient tout de suite à l’esprit, c’est celle de savoir pourquoi le Darfour et non un autre endroit ? La réponse immédiate est que le Darfour a été pour beaucoup dans l’instabilité du Tchad puisque la première rébellion y est née et successivement deux régimes – celui de Hissein Habré et d’Idriss Déby - sont partis de là. Et aujourd’hui encore les différentes tentatives de renversement du régime de Déby partent du Darfour