Acceptabilité du condom féminin chez les personnes sexuellement actives à Yaoundé

Il est de notoriété que de nos jours, les maladies sexuellement transmissibles y compris le SIDA font des ravages au sein de la population active, causant d'énormes pertes à nos pays. Le SIDA particulièrement est qualifié de mal du siècle. En effet, dans le monde entier, le nombre de personnes vivant avec le VIH/SIDA croit de façon exponentielle. L'Afrique en général, et singulièrement l'Afrique sub-saharienne n'en est pas épargnée; apparaissant même comme la sous-région la plus touchée par le phénomène. Pour sa part, le Cameroun est actuellement dans une phase d'épidémiologie généralisée, avec une séroprévalence qui est passée de 0,5% en 1987 à environ 11% en 2000. Les femmes constituent plus de la moitié de la population infectée. Elles se trouvent ainsi au premier rang des victimes à cause de leur vulnérabilité biologique, culturelle et économique. La méthode barrière disponible pour la prévention était jusque là le condom masculin; mais il s'avère peu accessible à beaucoup de femmes, étant placé sous le « contrôle » masculin. Avec l'avènement du condom féminin censé être« contrôlé» par les femmes, l'on s'est posé beaucoup de questions. En particulier, l'on s'est interrogé sur l'attitude des hommes et des femmes vis-à-vis de ce nouveau produit. C'est ainsi que cette étude s'est fixée pour objectif de mesurer le degré d'acceptabilité du condom féminin auprès des hommes et femmes âgés de 15-49 ans, et de rechercher les facteurs susceptibles de compromettre ou de favoriser son acceptabilité. Pour y parvenir, nous avons fait recours à une procédure de recherche quantitative de type longitudinale en raison de la nouveauté du produit testé. En effet, seule une utilisation.répétée du condom féminin permettrait d'en faire un jugement pertinent. La collecte de données sur le terrain s'est effectuée à l'aide de deux questionnaires standardisés (phase 1 et phase 2) qui ont été administrés sous forme d'interview à des personnes volontaires. L'administration des questionnaires proprement dite a été précédée par une séance d'information individuelle axée sur l'historique, les propriétés et le mode d'utilisation du condom féminin. A l'issue de cette séance d'information, chaque volontaire recevait 06 condoms pour .un usage personnel et un rendez-vous était négocié pour la passation du questionnaire de la première phase. A l'issue de celle-ci, les volontaires désireux de continuer l'expérimentation recevaient un second lot de 06 condoms et un autre rendez-vous était convenu pour la seconde et dernière phase de l'enquête. L'analyse des données ainsi collectées a été essentiellement réalisée sur le logiciel d'analyse des informations épidémiologiques EPI INFO 6. Elle a permis de constater que malgré les préjugés qui se fondent autour du condom féminin, à savoir qu'il favorise le libertinage sexuel en même temps qu'il est capable de provoquer les maladies comme le cancer, les participants à l'étude sont intéressés par le produit et sont dans l'ensemble disposés à en acheter et à en faire usage dans le futur. Les femmes se montrent sensiblement plus engagées dans ces résultats en raison du fait qu'elles considèrent le condom féminin comme un outil de libération. Cependant, cette volonté de genre se heurte encore aux lois sociales qui régissent le comportement individuel en matière de sexualité. Ainsi, compte tenu du poids de décision reconnu socialement aux hommes, leur opposition à l'utilisation du condom féminin apparaît comme un obstacle majeur à son acceptabilité. Viennent ensuite le désir de procréer et le coût du dispositif, comme autres obstacles. En défmitive, l'oeuvre de promotion de ce produit devrait donc tenir compte des barrières culturelles, économiques ou sociales auxquelles il reste confronté.