Education et développement économique : analyse de l'impact de l'investissement éducatif sur la productivité agricole en milieu rural au Sénégal

En tant qu'investissement économique et social, les dépenses d'éducation représentent en général une part très importante des budgets des Etats. Pour le cas du Sénégal, les dépenses publiques d'éducation qui représentaient plus de 33% du budget national de fonctionnement en 2000 ( début du Programme décennal pour l'éducation et la formation (PDEF)), ressortent aujourd'hui, en 2006, à 40%. Ce chiffre sous-évalue le coût réel d'opportunité des investissements éducatifs dans la mesure où il ne tient pas, compte du manque à gagner. Malgré cet effort financier à l'égard de son système d'éducation, ce dernier est caractérisé par des taux de participation plus ou moins faibles, particulièrement dans les zones rurales. En effet, à côté de ce secteur prioritaire dans les politiques de l'Etat, subsiste un autre secteur incontournable pour un développement économique harmonieux du pays. Le secteur agricole trouve son importance du point de vue économique, de l'occupation - de la population (activité primaire), de l'assurance de la sécurité alimentaire, de fourniture de sources de revenu de la majeure partie de la population etc. Ainsi, cette thèse examine, entre autres questions liées au rôle économique de l'éducation d'une manière générale, les apports de la scolarisation en milieu rural en terme de productivité agricole. Les techniques de non frontière et de la frontière de · production, ainsi que les déviations de cette frontière, sont utilisées car nous nous sommes intéressé au coefficient estimé de la scolarisation dans la fonction de production, mais également à l'examen de l'ampleur et des causes d'inefficacité dans la~production agricole en zone rurale du Sénégal. Les données sont d'un échantillon tiré des données d'enquête pilotes obtenues auprès de la Direction de l'Analyse et de la Prévision du Sénégal (DAPS) rattachée au Ministère de l'Agriculture en 2003. L'échantillon porte sur 11 villages répartis entre les neuf régions agricoles du Sénégal à l'exclusion de Dakar. L'analyse empirique révèle des avantages substantiels internes (privés) de la scolarisation sur la productivité agricole, particulièrement sur le plan des gains d'efficacité. Cependant, un effet de seuil est identifié : il faut sept à dix années de scolarisation en zone rurale ( enseignement secondaire moyen) pour que cette scolarisation ait un effet significatif sur la productivité agricole des chefs de ménage. D'importants avantages externes (sociaux) de la scolarisation ont été également découverts, ce qui laisse supposer que l'on pourrait tirer d'énormes profits des avantages externes de la scolarisation en termes d'accroissement de la productivité agricole si l'éducation augmentait de manière significative en zones rurales. La productivité pourrait être améliorée soit par l'adoption de facteurs et de techniques plus productifs soit par l'amélioration de l'efficacité productive pour une technologie donnée. Ces résultats fournissent la preuve que les paysans sénégalais opèrent généralement en deçà de leur potentiel productif. Ainsi, au regard de la nature précaire de la production agricole en zone rurale du Sénégal et des bas niveaux d'investissement dans la scolarisation, il convient de tout mettre en oeuvre pour promouvoir l'accès à l'éducation de qualité, permettre et maintenir la scolarisation formelle à des niveaux plus élevés. Il convient également de guider les interventions des gouvernements ou des donateurs afin qu'ils privilégient la zone rurale et l'éducation secondaire moyenne dans leur financement.