Les activités prédatrices et le devenir de la forêt de la Lekoumou: cas de l'exploitation forestière moderne dans les UFA. Sud 10 et Sud 11

Authors

ITSOUA-MADZOUS, Gervais-Ludovic
Deputy Executive Secretary, Technical Coordinator Republic of the Congo COMIFAC

Keywords:

Forêts, conservation des Forêts, gestion forestière, exploitation forestiére, Congo

Synopsis

Les forêts tropicales humides couvrent environ 7 % de la surface terrestre; elles abritent probablement la moitié des- espèces animales et végétales du globe (Banks M. 1990). Leur utilisation rationnelle peut nous garantir une source pérenne de bien-être: nourriture, abri, emploi, combustible, médicaments, bois, défense contre les inondations, protection du sol contre l'érosion, régulateur du climat... Mais dans les pays en développement, la lutte pour la survie de millions des ruraux pauvres porte gravement atteinte à l'environnement. Chaque année entre 7,6 et 10 millions d'hectares de forêt tropicale sont détruits et 10 millions d'hectares supplémentaires subissent des dégâts importants (PNUE - UNICEF .1990).
Les forêts de l'Afrique centrale sont les plus vastes du monde après celles de l'Amérique du Sud (Amazonie). 65 % de la superficie congolaise sont recouvertes de forêt. ·L'exode rural est en faveur du maintien de cette forêt. En effet plus de. la moitié des Congolais habitent dans des agglomérations de plus de 5 000 habitants et les zones forestières ont des faibles densités d'occupation humaine.
Les potentialités en production ligneuse font ressortir que le Congo est véritablement « le Pays de la forêt » aux perspectives énormes. Celles-ci sont réellement pérennes pour peu qu'elles soient gérées convenablement.
Concernant la richesse floristique du  Congo, Bouquet A. (1969), répertorie plus de 950 espèces à usage médicinal et médièo-magique. Plus de 300 espèces arborescentes sont commercialisables pour leur bois et actuellement 50 essences seulement font l'objet des transactions commerciales. La flore congolaise peut être estimée à 6 000 espèces ( C.E.R.VE.). La protection d'espèces végétales rares en voie de disparition ne peut se faire que par celles des sites couvrant des surfaces suffisantes de
façon à protéger également leurs pollinisateurs et disséminateurs animaux: la protection de Bdillonella toxisperma de faible densité exigerait la protection intégrale des Loxondota spp principaux disséminateurs du fruit de Baillonella toxisperma.
Bien qu'aucun inventaire zoologique n'ait été réalisé jusqu'à présent sur l'ensemble du Congo, les résultats d'enquêtes et d'observations scientifiques menées en forêt, savane et dans les réserves, permettent de se faire une idée de la richesse faunistique du Congo.
198 espèces de mammifères ont été dénombrées au Congo (Hecketsweiler P., 1990). Parmi les 15 espèces protégées au Congo, 8 se font de plus en plus, rares dans les régions Sud : Loxondota spp (Eléphant), Syncerus spp (Buffle), t'Hylochère, le Guib harnaché, le Sitatunga, le Cobe defassa, le Sylvicape de grimm et le Sercopithèque de brazza.
L'avifaune forestière reste à découvrir au Congo. On peut s'attendre au Congo à atteindre une richesse ornithologique de l'ordre de 700 espèces.
Les recherches sur les reptiles dans_ la forêt du Mayombe révèle 45 espèces forestières(UNESCO-PNUD (1986) in Hecketsweiler), ce qui est au dessus du nombre de 40 reconnues comme une limite supérieure probable pour une localité forestière africaine.
La région de la Lékoumou, située au sud-ouest dù pays est dominée par l'omniprésence de la grande forêt dense de type ombrophile. Sa mise en valeur timide jusqu'à une certaine date connaît une expansion depuis plus de trois décennies. Au milieu de cette inunense verdure, on rencontre déjà ·des îlots de savanes et de fougères qui sont le résultat de l'action anthropique.
Sur 1.620.000 hectares de forêt que couvre· la région, 1.414.390 hectares sont concédés à l'exploitation forestière dont plus de 85 % déjà attribués aux exploitants forestiers. A côté de cette inunense exploitation forestière, s'ajoutent les activités de cueillette et de chasse qui sont très développées dans la région.
Si traditionnellement, la chasse -a pour but essentiel d'apporter quelques protéines d'origine animale dans l'alimentation quotidienne des paysans, aujourd'hui la recherche de revenu monétaire et le gain individuel en a fait une activité très importante dans la région.
La Lékoumou a pris le relais des régions comme le Niari dans l'approvisionnement continu des grands centres urbains en viande de chasse.
Afin de satisfaire un marché de plus en plus important, les méthodes et les techniques de prise sont de plus en plus ravageuses.

L'agriculture 'itinérante sur brûlis seule technique culturale utilisée dans la région s'est développée. En effet plus de 95% de la population active de la région est occupée par le secteur agricole et chaque année plus de 6.180 hectares sont défrichés pour les cultures (Kaya-Diambou, 1989 et Sibona F., 1985).
Bien que couverte à plus de 85% par la forêt sempervirente, la Lékoumou ne suscite pas encore l'attention . de l'opinion nationale et internationale sur sa bonne gestion. Pourtant avec 1 620 000 hectares, soit 10% de la forêt congolaise, sa contribution dàns la lutte contre le réchauffement de la terre, avec les autres forêts tropicales, n'est pas négligeable. En outre, elle renferme certaines ressources naturelles comme les plantes médicinales (197 espèces de plantes médicinales selon Koubouana F. et Nsongola G. (1997) pour la sous-préfecture de Zanaga), les animaux et les essences nobles comme: l'Aucoumea klaineana, le Baillonella toxisperma, le Terminalia superba ...
La forêt de la Lékoûmou est une forêt de production classée par le Ministère des Eaux et Forêts. De nos jours, les seuls écrits qui existent sur cette forêt, traitent des possibilités à maximiser son exploitation pour en tirer un maximum de profit. C'est le cas de POL YTECHNA et" C.T.F.T. en 1972, et de la F.A.O. en 1973, portant sur la planification et la mise en valeur d'une partie de la forêt de la Lékomou.
Ces études étaient à l'origine de la propos1tion d'un plan d'aménagement forestier pour la forêt de la Lékoumou. Ce plan devait tenir compte de · la non destruction du domaine forestier par l'exploitation forestière tout en garantissant une exploitation durable de la forêt.
Malheureusement, aujourd'hui le problème de la gestion de cette forêt se pose. Elle s'explique par le. non respect des normes d'exploitation, l'inadaptation du plan d'aménagement forestier, le manque de volonté politique qui ne privilégie pas le volet conservation et le développement de la chasse. Ce qui compromet sérieusement l'avenir. D'où la nécessité de penser à sa bonne gestion.
Cette étude se veut une contribution dans la bonne gestion et la conservation des écosystèmes forestiers du Congo. L'anachronisme existant entre le plan d'aménagement forestier et les normes de gestion forestière préétablies par les pouvoirs publics; d'une part,,et les réalités pratiques du terrain d'autre part se traduit par Je préjudice de l'exploitation forestière sur la faune et la végétation.

Downloads

Download data is not yet available.

Author Biography

ITSOUA-MADZOUS, Gervais-Ludovic, Deputy Executive Secretary, Technical Coordinator Republic of the Congo COMIFAC

Gervais is a senior expert on forestry and climate change issues in the Congo Basin with over 20 years of professional experience and work in projects funded by donors, public administration and local and international NGOs for the conservation and sustainable management of natural resources (WWF, WCS).

He is currently the Deputy Executive Secretarty of COMIFAC, leading and supervising technical and political consultations at the central Africa sub-region level, with a focus on the implementation of the Rio Conventions (Biodiversity, Climate, Desertification) and policy harmonization of international negotiations within the framework of these conventions and other international processes.

Focal point at the Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) of the Republic of Congo, he is also a member of the UNFCCC Expert Advisory Group, which he actively chaired in 2019.

Through the African Group of Negotiators and the Rainforest Coalition (CFRN) he took part in the negotiations for the forest sector within the framework of Paris Agreement. He has proven experience in REDD+, with an active role in the preparation for the REDD+ process of the Congo, participated in several Policy Boards of the UN REDD Program and was focal point in the REDD+ Interim Partnership for Congo.

References

ATLAS JEUNE AFRIQUE, 1977: La Géographie de la République Populaire du Congo. Edition Jeune Afrique, Paris. 64 p

AFRICONSULT, 1985: Bilan diagnostic et esquisse de schéma de développement régional: Région de la Lékoumou. Ministère du Plan ,Brazzaville 132 p

BOUQUET (A), 19'69: Féticheurs et médecine traditionnelle au Congo (Brazzaville). mémoire ORSTOM N° 36, Paris. 282 p.

BANKS (M), 1990: .Les forêts tropicales. Rageot-Editeur, Paris. 47 p.

C.N.S.S.E, (1974): Recensement Général de la Population et de l'Habitat. Ministère du Plan, Brazzaville.

C.N.S.S.E, (1984): Recensement Général de la Population et de l'Habitat. Ministère du Plan, Brazzaville.

C.R.E.T.H, 1980: Plan Directeur d'Urbanisme: S1BITI. Ministère des travaux publics de la construction de l'urbanisme et de l'habitat, Brazzaville. 79 p + 1 planche.

C.T.F.T, 1990: !'Okoumé: Aucoumea Klaineana Pierre. CTFT, Paris.

DEMAERSCHAL' K (J.P), 1990: Plan d'action des forêts tropicales, Congo. PAFT, MEF. Brazzaville.

Direction Régionale des Eaux et Forêt de la Lékournou: Rapport annuel ( de 1981 à 1995). DREF Lékoumou, Sibiti.

DUBOZ (P), 1969: Aspects démographiques de la région de la Lékoumou (RPC). ln Cahiers ORSTOM. Ser. Sc. Hum.

DUBOZ (P), 1975: Etude démographique de la région de la Lékoumou (RPC). ORSTOM, Paris

F.A.O., 1973: Planification de la mise en valeur des ressources forestières de la zone Sibiti-Zanaga. en 5 fascicules. F.A.O., Rome

FOURNIER (F) & SASSON (A), 1983: Les Ecosystèmes forestiers tropicaux d'Afrique. Recherche sur les ressources naturelles XIX ORSTOM-UNESCO Paris. 473 p.

HECKETSWEILER (P), 1990: La Conservation des Ecosystèmes Forestiers du Congo. U.l.C.N, Gland 187 p.

Published

May 1, 2023

Details about this monograph

Physical Dimensions