La ville de Bissau: aménagement et gestion urbaine

Le phénomène urbain n'est pas un fait récent en Afrique. Dans l'antiquité, l'Egypte pharaonique a connu un rayonnement urbain avec des villes comme Memphis, Thèbes, Edfou ... Au moyen âge, beaucoup de villes ont essaimé sur le continent. Au Nord, Carthage, Alexandrie, Tunis, Al Fusta furent de grandes agglomérations dans le cadre du commerce méditerranéen. En Afrique occidentale, comme on le sait à travers les vestiges historiques et les sources orales et écrites, Djéné, Kano, Tombouctou, Koumbi Saleh, Gao, Bénin .. .furent de grands centres politiques, intellectuels et commerciaux (VENNETIER P. 1987). En Afrique orientale et australe, des villes notamment Zanzibar, Kilwa, Mombassa et Zimbabwe avaient vu le jour. Toutes ces villes se sont finalement assoupies avec la disparition de leurs institutions politiques ou du commerce caravanier.
A partir du XVIe siècle, une nouvelle génération de villes apparut. Cette fois-ci, elles sont suscitées par les puissances européennes implantées en Afrique. De ce fait elles sont différentes des anciennes à plusieurs titres.
Par rapport à la situation géographique, ces nouvelles villes, à quelque exception près, ont été installées sur la côte, le long des cours d'eau et dans les îles (VENNETIER P. 1987), alors que les anciennes se sont presque développées à l'intérieur du continent.
Quant au site, beaucoup de villes coloniales ont été implantées sur des reliefs plats, «si plat que le marécage est un élément fréquent de la topographie urbaine, qu'il limite la ville ou oppose à son extension une gêne difficile à surmonter» écrit DRESCH (DRESCH J. 1950).
Au niveau architectural, les villes coloniales se distinguent généralement par leurs édifices impressionnants (COQUERY-VIDROVITCH C. 1988). Dans le quartier des affaires, s'alignent des bâtiments ayant au rez-de-chaussée des magasins de
commerce et à l'étage des appartements avec leurs balcons donnant sur la rue. La toiture des bâtiments était généralement en pente, de tuiles rouges, alors que les cités des royaumes africains avaient en général des édifices modestes en banco couverts de toiture en paille. Dans certains cas, seul le palais du souverain avait un aspect imposant. De plus, il était en étage dans l'empire du Mali.
Sur le plan de l'urbanisme, les pouvoirs coloniaux ont aménagé le centre en fonction des activités : quartier commercial, quartier administratif, quartier des affaires, quartier résidentiel, zone portuaire, et zone de la gare. Son organisation obéit à un plan d'urbanisme notamment plan en damier ou plan circulaire. Les rues et avenues sont larges et rectilignes, les chaussées goudronnées ont leurs trottoirs alignés d'arbres. Les maisons bien alignées, disposent de jardin et une devanture ornée de fleurs. Par contre dans la périphérie se déploie la ville africaine caractérisée par son désordre. Des habitations en banco, en bois et en matériaux de récupération (fûts et boîtes en métal) cohabitent ensemble. Les toitures sont généralement en paille ou en tôles ondulées. Les rues sont étroites, débouchant de temps à autre s1Jr des culs de sac. Ses quartiers survivent dans une situation d'insuffisance criarde d'infrastructures de base.