Déclassement et fonctionnement du marché du travail au Cameroun

Le déc1assement, défini comme la situation d'un travailleur dont le niveau de formation acquis est supérieur au niveau de formation requis pour l'emploi occupé, apparait comme une forme de sousutilisation des compétences humaines. Bien évidemment, le développement d'un pays ne dépendant pas uniquement du niveau des ressources disponibles mais aussi de leur mode d'utilisation, le déclassement constitue un sérieux obstacle au développement socioéconomique des pays. Au Cameroun, depuis les années 1990, un travailleur sur deux a tendance à occuper un emploi pour lequel il est déclassé, une situation qui semble très problématique pour la valorisation et l'utilisation des ressources humaines dans l'économie. Cependant, les sources du déclassement sont très peu connues faute d'études empiriques, d'où la pertinence d'une thèse sur ce sujet. L'objectif de cette thèse est de montrer que le déclassement procède des comportements des acteurs principaux que sont employeurs et travailleurs. Pour atteindre ces buts, le cadre d'analyse retenu s'organise en deux phases. D'abord, l'approche qualitative qui fait le point sur le déclassement en investissant la littérature économique pennettant d'élucider les différents comportements des travailleurs et des entreprises. Elle permet également d'identifier les outils méthodologiques
permettant de baliser le chemin à l'évaluation empirique. Ensuite, l'analyse quantitative à la fois descriptive et explicative consiste en l'organisation et l'utilisation des micro-données aux fins de tester les hypothèses préalablement émises. Pour cela, ces données ont subi un traitement à la fois statistique et économétrique à l'aide des logiciels appropriés.
Au terme de cette étude, il ressort de la mise en évidence les conclusions suivantes. Le déclassement dans l'accès au premier emploi est non négligeable au Cameroun et ce phénomène est en partie expliqué par les variables liées au mode de fonctionnement du marché du travail notamment l'acceptation de l'emploi pour des raisons d'évitement du chômage et la durée de chômage.
L'aversion pour le risque de chômage constitue un facteur positif de mobilité professionnelle descendante. Le durcissement des critères de sélection notamment avec l'exigence de l'expérience professionnelle explique positivement le déclassement chez les travailleurs débutants. Enfin, la rigidité des salaires est un facteur positif de déclassement dans les entreprises. Ces principales conclusions permettent de formuler des recommandations de politiques publiques en vue d'améliorer l'utilisation des compétences existantes.