Optimalité de l'intégration régionale et dynamique de convergence économique dans les unions monétaires de la zone Franc en Afrique: UEMOA et CEMAC

Auteurs-es

NDIAYE, Mohamed Ben Omar
DEPARTEMENT D'ANALYSE ET POLITIQUE ECONOMIQUES, FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION - FASEG
##plugins.pubIds.doi.readerDisplayName## https://doi.org/10.57054/codesria.pub.1129

Mots-clés :

UEMOA, CEMAC, intégration régionale, unions monétaires, zone Franc en Afrique

Synopsis

L'objectif de ce travail était d'identifier les déterminants socio-économiques de l'efficacité de l'intégration économique dans les unions monétaires africaines de la Zone Franc, à savoir l'UEMOA et la CEMAC, à travers l'étude de l'optimalité et de la dynamique de convergence des performances économiques des Etats membres.

Pour atteindre cet objectif, les huit (8) pays de l'UEMOA, d'une part, et les sept (7) de la CEMAC, d'autre part, ont constitué notre .champ d'étude autour des données relatives aux indicateurs de performance macroéconomique (la croisseince du PIB réel, l'épargne, l'inflation, le solde budgétaire, l'endettement, le solde extérieur, les actifs étrangers nets, etc.) Une analyse de la situation économique des pays africains de la Zone Franc à travers un essai de bilan de la dévaluation du franc CFA de 1994 a permis d'analyser la capacité des économies à relever les défis du développement. A travers cet ajustement, les bonnes performances macroéconomiques ont été enregistrées autour des indicateurs que sont la croissance du PIB réel, l'inflation et l'équilibre budgétaire. Par contre, les comptes extérieurs, l'épargne, l'investissement, l'endettement et les avoirs extérieurs nets de la BCEAO et de la BEAC ont connu des performances modestes. Le secteur primaire en général, les produits de rente en particulier, ont constitué la principale source de la croissance économique; pendant que la contribution du secteur industriel demeure peu significative.
Cet état de fait traduit que cette mesure d'ajustement (dévaluation) n'est pas parvenue à résoudre de manière convaincante la problématique actuelle des unions économiques et monétaires africaines de la Zone Franc autour de leur optimlalité et de la convergence desperformances économiques des pays membres.
L'analyse des critères de reconnaissance d'une zone monétaire optimale en rapport avec le contexte actuel de la Zone Franc montre que l'espace monétaire des pays africains de la zone est non optimal, qu'il soit considéré comme un ensemble unique ou qu'il soit à travers chaque union monétaire. En fait, • les critères économiques et financiers (la mobilité des facteurs, l'ouverture des économies, la diversification des économies, le degré d'intégration financière), la définition préalable de conditions macroéconomiques (la similitudes des taux d'inflation, l'intégration, des politique économiques), comme l'analyse en terme d'avantages-coûts de la zone monétaire optimale sont peu favorables au contexte des unions économiques et monétaires africaines de la Zone Franc. La plupart de ces critères sont peu ou pas vérifiés.

L'analyse de l'évolution des critères de convergence économique ainsi définis sur la période 1980-2000, durant laquelle les unions économiques (UEMOA et CEMAC) ont été mises en oeuvre, montre une tendance à la convergence vers les valeurs de référence fixées dans le cadre de la Surveillance Multilatérale pour chaque critère, surtout à partir de 1994.
Cependant, bien que des progrès aient été enregistrés pour certains critères de convergence, des disparités semblent exister, aussi bien entre les différentes économies des Etats membres au sein de chaque union qu'entre les deux unions économiques et monétaires elles-mêmes.
Il apparaît ainsi à la suite de notre étude que les pays membres des deux unions économiques et monétaires de la Zone Franc ont généralement entamé un processus de convergence de leurs politiques économiques, même si ce processus est encore relativement lent et que de meilleures performances ont été réalisées après 1994 par rapport à la souspériode 1980-1993.
Le processus de convergence régionale réelle qui a été testée empiriquement à partir des hypothèses de convergence absolue, de convergence conditionnelle et de convergence des clubs, nous a permis de remarquer une tendance très faible d'une convergence des niveaux de revenus par habitant des différentes économies membres de la Zone Franc africaine.

Cependant nous devons noter que des progrès ont été accomplis sous l'hypothèse de la convergence conditionnelle, surtout entre 1994 et 2000, comparativement à la situation qui a prévalu durant la période 1980-1993.
Les tests de convergence (nominale et réelle) des politiques et des structures économiques à partir de la méthode des Moindres Carrés Récursifs (M.C.R.) donnent de meilleurs résultats. Ce phénomène prouve que la convergence des politiques économiques a enregistré de meilleures performances que la convergence des structures économiques dans la Zone Franc africaine. En d'autres termes, la convergence des politiques économiques ne s'accompagne pas de la convergence des structures des économies. En d'autres termes la convergence nominale ne s'accompagne pas d'une convergence réelle, particulièrement de la convergence des niveaux de revenus par tété.
Par ailleurs, la convergence nominale est plus performante que la convergence réelle, dans la situation actuelle de la Zone Franc en Afrique et de ses unions économiques et monétaires. Mais, quel que soit le type de convergence, le processus demeure relativement lent car on note souvent des tendances à la divergence ou de résistance à la convergence des politiques économiques nationales de la part de certains pays membres.
Les convergences les plus affirmées, aussi bien dans lUEMOA que dans la CEMAC, ont été remarquées au niveau des taux d'endettement et des taux d'inflation annuels moyens et dans une moindre mesure des soldes (déficit) budgétaires.
Cependant, outre le taux d'inflation annuel moyen, la convergence la plus affirmée dans lUEMOA est opérée au niveau du taux d'endettement, alors que dans la CEMAC c'est avec le critère solde budgétaire sur PIB que la convergence est plus affirmé.
Donc, que cela soit dans ITJEMOA ou dans la CEMAC, la convergence, si elle est entamée, se fait souvent vers la référence la moins performante, ce qui reflète le caractère relativement lent de ce processus dans toutes les deux unions. A l'opposer, les divergences les plus notoires dans lUEMOA sont notées au niveau des taux d'investissement et dans une moindre mesure au niveau des soldes budgétaires, et dans la CEMAC elles sont notées au niveau des taux d'endettement.
Les critères de second rang, relatifs à la structure des dépenses, ont été plus performants que ceux de premier rang, relatifs aux contraintes de soutenabilité des déficits budgétaires et de la dette, dans toutes les deux unions économiques et monétaires africaines de la Zone Franc. Toutefois, les meilleures performances ont été enregistrées en CEMAC, pour la plupart
des indicateurs qui ont fait l'objet d'étude, même si le processus de convergence (ou d'harmonisation) est plus avancé dans l'UEMOA.
En conséquence, l'évolution et la vitesse de convergence d'un critère dépendent de la nature des économies et notamment de la structure de leurs exportations qui, sont souvent de rentes pétrolières en Afrique Centrale ou de rentes agricoles en Afrique de l'Ouest. Au vu des résultats de la thèse, les recommandations vont dans le sens d'une mise en place d'un espace économique et monétaire africain élargi, intégré et stable. L'idée est ici de réaliser « une zone monétaire optimale » et faire converger les économies nationales. Il s'agira a notre avis - - de défmir des critères de convergences économiques plus stables. Certains critères évoluant en fonction des recettes fiscales nous paraissent très instables car celles-ci sont généralement sujettes, dans le cas de la Zone Franc, de phénomènes conjoncturels peu ou pas mmtrisés - En incitant l'adhésion de nouveaux membres, défmir et exiger des conditions strictes « d'alignement » préalables (à l'adhésion) d'un pays tiers. Ceci dans le souci d éviter des perturbations d'origine externes comme les importations d'inflation ou de déficit public insoutenable, par exemple. - De renforcer le contrôle de l'évolution des critères de convergence en vigueur et défmir des instruments (ou mesures) d'ajustement en cas de non respect ou de déviation majeure à la suite d'un choc externe, par exemple. - De renforcer la convergence des taux d'inflation afm d'éviter des différentiels de compétitivité très importantes entre les Etats membres de la zone intégrée. - De favoriser l'investissement privé (et public) national comme étranger dans le cadre de l'union douanière et le développement du marché,financier régionale. La mise en place d'infrastructures et d'institutions appropriées, c'est-à-dire d'un cadre macroéconomique incitatif, favoriserait mieux le développement de l'investissement direct étranger notamment. - De restructurer les dépenses publiques afm de permettre des déficits soutenables mais aussi d'orienter ces dépenses plutôt vers des investissements publics que vers des options favorisant la consommation finale. - De définir un nouveau mode de gestion de la dette mais aussi, et surtout, une nouvelle forme de négociation de la dette, de son service et des arriérés de paiement avec la création d'actifs représentatifs et négociables sur un marché de la dette, par exemple. - De renforcer et harmoniser les politiques agricoles nationales dans un contexte de spécialisation régionale ou sous-régionale. Ceci permettrait
d'obtenir une production stable qui ne dépend pas de phénomènes conjoncturels, climatiques ou saisonniers, et susceptible de dégager suffisamment de valeur ajoutée. - De renforcer l'union douanière et le marché financier et augmenter les facilités de circulation des personnes, des marchandises, des services et des capitaux. Cette recommandation est une condition nécessaire, mais non suffisante, à l'exercice des autres. - D'accorder une considération plus importante aux variables structurelles dans les objectifs de convergence économique dans la mesure où celles-ci connaissent généralement du retard dans leur mise en oeuvre et des disparités parfois persistantes entre les nations membres d'une même sous-région. - D'assurer un meilleur suivi des indicateurs de convergence nominale (les indicateurs de convergence de politique économique essentiellement) car, même si ceux-ci sont plus performants que les indicateurs de convergence réelle, ils n'ont pas encore favorisé la réalisation de cette convergence réelle, comme préalablement souhaitée. - De renforcer la solidarité interrégionale de même que les systèmes de communication intra zone qui peuvent être un gage de la détermination et de la fidélité des peuples dans les réalisations des objectifs d'intégration et de développement économique. Cette recommandation s'inscrit dans la logique d'éliminer, voire de réduire à leur strict minimum le phénomène de passager clandestin (« free rider ») qui pourrait exister dans une union économique et monétaire et réduirait de ce fait l'efficacité de la zone intégrée. - Enfin, de mettre en place une politique régionale de solidarité favorisant les pays les plus pauvres afin de leur permettre d'améliorer leur croissance économique.
Toutes ces recommsindations, pour jouer pleinement leur rôle, doivent coexister avec des situations de stabilité politique et sociale incamées par des libertés d'opinion et d'expression à travers des régimes politiques démocratiquement installés.

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Références

BARRO R. (1991), "Economie Growth in a Cross-Section of Countries", Quarterly Journal of Economies, 106, pp. 407-444.

BAYOUMI T., EICHENGREEEN B. (1994), "One Money or Many? Analyzmg the Prospects for Monetary Unification in varions Parts of the World", Princeton Studies in International Finance, n"76, Septembre.

COUSSY J (1991), "Les politiques économiques nationales et les relations interafricaines avant les PAS', in Jean COUSSY et Philippe HUGON, "L'intégration régionale et ajustement structurel en Afriqué', Ministère de la coopération, CERED-LAREA.

D'AUTUME A. P. MICHEL (1993), « Hystérésis et Pièges du Sous-developpement dans un modèle de croissance endogène », Revue Economique, 44(2), pp. 431-^0.

De LONG B. (1988), « Productivity growth, convergence and welfare : Comments », American Economie Review, 78, pp. 1138-1154.

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juin 22, 2023

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