La politique étrangère du Cameroun en Afrique centrale: constances et fluctuations

La présente étude se propose d’analyser la politique étrangère du Cameroun dans une Afrique centrale considérée principalement dans une dimension restreinte (la zone CEMAC et le Nigeria) et accessoirement dans une dimension élargie (la zone CEEAC). Contrairement aux thèses qui soutiennent l’idée de l’inertie diplomatique du Cameroun dans la sous-région,
cette étude montre que le Cameroun, comme tout acteur des relations internationales est un Etat qui, dans la sphère internationale comme dans la sphère sous-régionale défend, au mieuxdes caractéristiques de sa géographie, de son d’histoire, de sa culture et de toutes les composantes de son identité nationale, ses intérêts nationaux. C’est en effet un acteur rationnel qui, dans une situation conjoncturelle favorable est capable par ses actions, de satisfaire ses intérêts nationaux en renforçant la coopération régionale, bilatérale ou multilatérale avec ses partenaires, et dans une situation conjoncturelle défavorable de la
compromettre à force de vouloir à tout prix défendre ses intérêts. Cette double orientation des activités diplomatiques du Cameroun en Afrique centrale, sans être incohérente, rend compte du dynamisme de sa politique étrangère. Dynamisme parce que, dans son déploiement dans la sous-région, elle peut être orientée et réorientée en fonction de laperception de ses intérêts nationaux, des enjeux et des conjonctures. Ainsi, ses modes d’actions sont, avec les pays de la sous-région, sans cesse hiérarchisés et ‘’réhiérarchisés’’. Dans certains domaines de la coopération, ses relations sont, suivant les conjonctures et la
perception de ses intérêts nationaux, plus intenses avec certains acteurs et moins intenses avec d’autres. Dans une situation d’embrasement conflictuel en Afrique centrale, ses modes d’action sont également hiérarchisés. Aussi préfère t-il appliquer une diplomatie des guerres non pas orientée vers un comportement belliqueux, interventionniste, mais vers une attitude
pacifique, fondée sur le respect du droit international et le choix de contribuer à la résolution pacifique des conflits au moyen de la médiation multilatérale et des opérations de maintien de la paix, essentiellement dans le cadre de l’ONU, et subsidiairement dans le cadre des organisations régionales et sous-régionales.