ETUDE DES TROUBLES MORPHOSYNTAXIQUES CHEZ UNE POPULATION D’ENFANTS DYSPHASIQUES FRANCOPHONES AU CAMEROUN ET AU GABON

Auteurs-es

MARIE LUCIE NGAYAMBENA
UNIVERSITE DE YAOUNDE I
##plugins.pubIds.doi.readerDisplayName## https://doi.org/10.57054/codesria.pub.1181

Mots-clés :

TROUBLES MORPHOSYNTAXIQUES, POPULATION, ENFANTS, CAMEROUN, GABON

Synopsis

Dans le souci de favoriser l’épanouissement et l’insertion scolaire et sociale du petit enfant, cette thèse mène une étude sur le thème : « Etude des troubles morphosyntaxiques chez une population d’enfants dysphasiques francophones au Cameroun et au Gabon ». Elle se subdivise en deux parties dont un cadre théorique et un cadre expérimental. La dysphasie est définie comme un trouble spécifique du développement du langage oral chez un enfant en l’absence d’une cause physiologique ou anatomique apparente au niveau des organes requis dans la perception et la production de la parole. En analysant les énoncés des enfants dysphasiques, on constate que l’aspect morphosyntaxe est le plus altéré. C’est la raison pour laquelle l’étude se
consacre à la description des capacités morphosyntaxiques de douze enfants relevant d’une prise en charge orthophonique à la Fondation Horizons Nouveaux à Libreville et à la Clinique Orthophonique de Tsinga à Yaoundé.
Pour bien mener cette recherche, les douze enfants sont répartis en quatre tranches d’âge : [4 ; 3 ans – 4 ; 9 ans], [4 ; 9 ans – 5 ; 3 ans], [5 ; 3 ans – 5 ; 9 ans], [5 ; 9 ans – 6 ; 3 ans]. L’intervalle entre les différentes tranches d’âge est de 6 mois. L’outil de travail est la Batterie EVALO 2-6 de Coquet, Ferrand et Roustit (2009). On procède par une observation semi dirigée à travers les grilles d’observation et utilisons les épreuves évaluant le domaine « Morphosyntaxe ». Les enfants sont testés sur : « Tâche pragmatique 1 », « Compréhension morphosyntaxique », « Programmation morphosyntaxique » et « Répétition des phrases ». Les données sont traitées en trois phases. La première phase totalise le nombre de points obtenus dans chaque épreuve par
enfant. La deuxième phase calcule la moyenne en écart-type par tranche d’âge. La dernière phase quant à elle consiste à porter les scores moyens dans les radar-synthèse afin de visualiser leurs profils. L’analyse des résultats permet de déterminer si les enfants ont atteint le seuil de la pathologie qui est généralement admis à partir de -2 Ecart-type. Les scores des enfants dans les différentes tranches d’âge les situent dans les espaces des scores inférieurs bas et critiques. Le signe d’alerte de la dysphasie est très marqué. Les scores rouges à l’épreuve de répétition des phrases montrent que les enfants ont d’énormes troubles d’encodage syntaxique. Ils sont incapables d’utiliser les flexions verbales et les mots outils se traduisant ainsi par une
dyssyntaxie ou un agrammatisme. L’hypothèse d’un trouble de la compréhension verbale est aussi évoquée car les enfants présentent une altération des capacités de compréhension, de représentation mentale.
Après l’analyse des résultats, on distingue plusieurs types de dysphasies : les dysphasies expressives, s’apparentant aux aphasies de Wernicke, caractérisées par des difficultés de répétition des phrases qui augmentent avec la longueur des mots, un agrammatisme (souvent le discours est télégraphique). La compréhension est meilleure que l’expression et l’enfant garde une bonne motivation à la communication. Les dysphasies réceptives, proches de l’aphasie de Broca, caractérisées par une syntaxe immature, mais pas aberrante, et les difficultés se situent plus au niveau de la construction du discours que dans les phrases simples. Et enfin, on a les dysphasies mixtes, les plus fréquentes combinant les symptômes des deux premières.
De cette étude, il ressort que les dysphasies restent encore mal connues dans le contexte camerounais et gabonais. Dans la pratique thérapeutique dans ces deux pays, la prise en charge reste approximative à cause du manque de structures d’accueil, du personnel spécialisé et du matériel approprié ainsi que le coût élevé des séances de rééducation. A la maison, la participation des parents est d’une importance cruciale et exige un certain niveau intellectuel dans l’application des certains principes. Malheureusement, les parents sont incapables d’accompagner leurs enfants dans ce long parcours pour deux principales raisons : l’incompétence et l’impatience. A la fin, les enfants sont abandonnés à la charge de l’orthophoniste et les résultats ne suivent pas aussitôt.

Cette thèse permet de se pencher efficacement sur les troubles du langage, qui par leurs effets néfastes sur le développement et l’épanouissement normal de l’enfant, se révèlent être un phénomène important pour constituer l’objet d’une recherche scientifique. L’étude ouvre ainsi la voie vers les méthodes de dépistage, de diagnostic et de prise en charge des enfants africains francophones en milieu scolaire et préscolaire.

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juin 22, 2023

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