Le masque comme symbole de cohésion sociale et d'unité politique chez les Lobo: étude du cas du village de Borodougou

Il apparaît nettement à la lecture des documents et
archives sur l'historiographie des contacts séculaires entre
l'Occident expansionniste et l'Afrique que le débat entre les
deux mondes, du moyen-âge à nos jours, a toujours été plus ou
moins la volonté chez le premier d'exprimer sa prééminence et,
chez le second, le souci d'afficher son originalité. Ce débat, ou
plutôt cette tragédie, qui s'est souvent soldée par un malentendu
sanglant dans bien des cas, recouvre aussi bien les plans
politique, social, moral, économique que culturel. Il va sans
dire donc qu'il est inutile de répéter que l'art des
civilisations d'autre-mer, celui de l'Afrique noire en
particulier,. a con:i:m diverses fortunes, au. èoUrs des . âges. sous ie
regard de l'occidental.
Du statut d'objet de curiosité et d'exotisme à la fin
du Moyen âge et pendant la Renaissance, la production artistique
du continent noir fut ensuite longtemps assimilée à de vulgaires
instruments d'idolâtrie et de barbarie impropres à la
civilisation pour légitimer les crimes esclavagistes et
colonialistes avec cette idée courante au siècle dernier (siècle
positiviste) qui faisait dire que le degré de rayonnement étant
stricto sensu proportionnel au niveau de progrès technique,
l'Afrique, pour n'avoir pas connu de révolution industrielle, ne
pouvait engendrer de hautes productions artistiquess. Mais de
cette célèbre proclamation de foi de Paul Valéry "nous autres
civilisations nous savons maintenant que nous sommes mortelles"6
à la création des collections privées d'objets d'art nègres,
c'est le début d'une révolution. Le changement de mentalité qui
en découle permet à l'art africain surtout d'être reconnu comme
un important document ethnographique que le génie de peintres
cubistes de la trame de Picasso élevera au rang de source