POLARISATION DES ACTIVITES ECONOMIQUES ET PRESERVATION DES ZONES HUMIDES: UNE ANALYSE COUTSBENEFICES APPLIQUEE A LA REGION CAMEROUNAISE DU LAC TCHAD

La disparition de 90% de la superficie du lac Tchad a conduit les Etats riverains à élaborer un projet de restauration de cet actif naturel. Cependant, comme la plupart des projets d’intérêt collectif d’ailleurs, la restauration du lac Tchad procurerait à certains des gains et imposerait des coûts à d’autres, principalement aux agriculteurs. Dans le but principal de clarifier les termes du choix entre un usage productif et un usage non productif des berges du lac Tchad, nous proposons dans cette étude de comparer les bénéfices liés à la réalisation du projet de restauration du lac Tchad aux coûts d’opportunité (perçus par les agriculteurs) induits. Il s’agit notamment de comprendre les fondements de la polarisation des activités économiques dans cet espace naturel et d’estimer la valeur monétaire des bénéfices et coûts que pourrait induire la mise en oeuvre d’un tel projet. La démarche méthodologique a fait recourt aux données d’une enquête d’évaluation contingente menée en 2011 dans la partie
camerounaise du lac Tchad et aux procédures statistiques et économétriques adéquates. Tout d’abord, nous montrons que les potentialités productives des zones humides expliquent la polarisation des activités agricoles à proximité du lac Tchad. Ensuite, nous estimons à 4 336 511 340 FCFA les bénéfices qu’induirait la mise en oeuvre du projet. Et, enfin, nous évaluons les coûts d’un tel projet à 24 863 888 896 FCFA. Les bénéfices représentant 17,44% des coûts, on pourrait déduire que le projet de restauration du lac Tchad n’est pas rentable du point de vue des avantages retirés. Cette conclusion doit cependant être tempéré au regard des externalités négatives générées par les activités agricoles. Par ailleurs, l’enquête révèle qu’il y a un bénéfice réel à sauver le lac Tchad, puisque 70% au moins des enquêtés sont favorables à la réalisation du projet. En définitive, plutôt que d’opposer la restauration du lac Tchad à l’usage agricole de ses berges, il est primordial de trouver un équilibre entre ces deux objectifs.