Environnement et Système de Production dans les Terroirs du Joobaas (Thiès) : de la Période Précoloniale à l'Indépendance : Equilibres et Déséquilibres

Le monde rural au Sénégal a bénéficié de nombreuses aides à l'aménagement. Mais, aggravé par la sécheresse de ces dernières années, persiste de nos jours un état de crise aiguë entre les villages et leur environnement. Cette confrontation avec des problèmes de conservation et de mise en valeur des ressources naturelles qui n'ont jamais été aussi graves, c'est celle que connaît tout le pays sereer en particulier le Joobaas : appauvrissement et dégradation des milieux naturels et, finalement, abandon d'une terre qui a nourri des générations de paysans.
Pourtant, jusqu'à la pénétration coloniale, l'attachement de ces peuples à leur environnement naturel et l'efficacité de leur système de production n'ont échappé à personne. Les premiers européens à avoir visité leur pays n'ont pas pu s'empêcher de louer le grand respect qu'ils vouaient à la nature. Il suffit de lire le remarquable ouvrage du géographe français P. Pélissier consacré au paysannat sénégalais pour voir que, de tous les systèmes de production de la sous région, celui des Sereer était le plus attentif à l'équilibre des écosystèmes. Dès lors, la question qui se pose est : comment des peuples, jadis, aussi soucieux de l'équilibre de leur milieu au point de lui conférer un caractère sacré, en soient arrivés à le détruire ? C'est cette problématique
que prend en charge ce travail de recherche. Nous n'avons pas perdu de vue que cette question, devenue un thème à la mode, occupe une place centrale dans les discours. A ce sujet, il est d'ailleurs difficile de distinguer comme l'a noté P. Agrasot: « le discours scientifique du discours idéologique, même émanant de scientifiques éminents. »...