LE MARIAGE À L'ÉPREUVE DES MUTATIONS SOCIALES EN MILIEU URBAIN AFRICAIN : LOGIQUES ET EFFETS DU MARIAGE TARDIF AU TOGO

Auteurs-es

Essodinamodom KABA
UNIVERSITÉ DE LOMÉ (TOGO)
##plugins.pubIds.doi.readerDisplayName## https://doi.org/10.57054/codesria.pub.2111

Mots-clés :

Célibat, conjoint, jeune, Mariage tardif, ville, Sexualité

Synopsis

La présente thèse se situe dans le prolongement de l'analyse des mutations sociales de la nuptialité africaine. Le mariage revêt en Afrique une importance capitale aussi bien pour l'individu que pour sa communauté. Il est même apparu longtemps comme une prescription sociale dans la mesure où tout individu en grandissant se trouvait déjà inscrit dans un schème programmatique qui le conduisait inéluctablement à son mariage. Autrement dit, la forte valorisation du mariage dans ces sociétés africaines a donné lieu à une systématisation de l'entrée en mariage et une réprobation du célibat prolongé entrainant la réduction du mariage tardif à sa portion congrue.
Mais depuis la fin des années 1960, on assiste à une mutation importante de la nuptialité dans de nombreux pays en Afrique Subsaharienne. Le Togo n'en fait pas l'exception. L'âge au premier mariage des jeunes passe de 22,9ans en 1961 à 28 ans en 1998. L'ampleur de ce phénomène essentiellement urbain contraste avec un certain nombre de réalités qui la rendent incongrue. Le mariage précoce persiste malgré les efforts de modernisation des normes juridiques. Tandis que la polygamie se développe sous des formes différentes, le concubinage, moins contraignant, reste accessible et largement pratiqué. De plus, les
jeunes jouissent d'une autonomie grandissante en matière de moeurs dans le cadre de la démocratisation des rapports parents/enfants. Cependant, hommes et femmes semblent de nos jours opter pour une entrée tardive en mariage en dépit des pressions de tout ordre.
Ce travail s'attèle à analyser les logiques qui ont participé à érection du mariage tardif comme un phénomène de société, en partant de l'exemple des principales villes du Togo. L'on procède par un examen global de la nuptialité africaine pour aboutir à une proposition de l'analyse des contours du mariage tardif en vogue dans la société contemporaine. En s'inspirant de différentes approches, cette thèse propose une analyse multi-variée du phénomène en mettant en exergue le rôle des facteurs culturels, économiques et sociaux dans l'ancrage de ce nouvel ordre social. La mise en oeuvre d'une approche méthodologique
mixte (quantitative et qualitative) auprès de 472 individus a permis d'engranger des résultats édifiants.
L'étude laisse apparaître que le phénomène se fonde, d'une part, sur l'affaiblissement des rôles de la famille entrainant le déclin des systèmes programmatiques de mariage et, d'autre part, sur un ensemble de changements majeurs intervenus au cours du processus de développement du pays. Elle met en exergue l’évolution socioculturelle ayant marqué l’imaginaire des jeunes générations avec pour conséquence le développement d'une nouvelle perception du mariage. La crise économique de ces dernières décennies, l'influence du système scolaire, l'individualisation et la démocratisation des rapports sociaux, la recherche d'autonomie et le goût de la liberté individuel des jeunes générations sont autant de facteurs examinés en rapport avec le phénomène de l'avancée de l'âge au premier mariage.

Téléchargements

Les données relatives au téléchargement ne sont pas encore disponibles.

Références

AbdouMaliq S., 1998, Mutations urbaines en Afrique, Dakar : CODESRIA.

Abelès M. & Collard C., 1985, Age, pouvoir et société en Afrique noire, Paris : Karthala.

Adepoju A., 1999, La famille africaine : politiques démographiques et développement, Paris : Karthala.

Adjamagbo A., Antoine P., Beguy D. et Dial F. B. (2006), «Comment les femmes concilient-elles mariage et travail à Dakar et à Lomé?, IRD, Communication aux 6è journées scientifiques du Réseau « Démographie » de l’AUF», Cotonou (Bénin, 22-25 novembre 2005).

Affilé B. et al. 2001, Les grandes questions sociales contemporaines, Paris : L’Etudiant.

African Union, 2006, Youth charter, Addis-Ababa: African Union.

Agounke A. et al., 1989, « Enquête démographique et de santé au Togo », URD, Direction Générale de la Statistique, Division de la démographie.

Agounké A., 1991, Les formes nouvelles d'union dans les villes de l'Afrique de l'Ouest: aspirations et ruptures, in Actes de la Conférence «Femme, Famille et Population», Ouagadougou, 24-29 avril 1991, vol.1.

Amato P.R. & Previti D., 2003, « People’s reasons for Divorcing: Gender, Social Class, the Life Course, and Adjustment » in Journal of Family Issues, n°5.

Amouzou E. A., 2008, Étude sur la situation de l'emploi de jeunes au Togo, Rapport d'étude du Ministère de travail et de la sécurité sociale, Lomé, Direction de la politique nationale de l'emploi.

Anani A. I., 2008, « La dot dans le code des personnes et de la famille des pays d’Afrique occidentale francophone : cas du Bénin, du Burkina-Faso, de la Côte d’Ivoire et du Togo », in The Danish Institute for Human Rights.

Antoine P. & Djire M., 1998, « Crise et évolution des comportements matrimoniaux à Daka » in : Francis Gendreau, éd., Crises, pauvreté et changements, Paris, AUPELFUREF et Éditions ESTEM.

Antoine P. & Nanitelamio J., 1989, « Nouveaux statuts féminins et urbanisation en Afrique », in Politique africaine, Paris, N°36.

Antoine P. & Pilon M., 1998, « La polygamie en Afrique : quoi de neuf ?», in Chronique de la CEPED, No 28.

Téléchargements

##catalog.published##

juillet 10, 2023

Séries

Renseignements à propos de cette monographie

Dimensions physiques