Eglise du sud et alternative au développement inégal à l'exemple du kimbanguisme en République démocratique du Congo: prolégomènes à une mondialisation plurielle

La dépendance dans laquelle se trouve la RDCongo replace au centre du débat scientifique le mythe de la diffusion de la richesse mondiale (trickle down effect) promise par les défenseurs de la mondialisation libérale. En effet, plus s’étend le marché global, plus s’enfonce le fossé entre le Nord et le Sud, par ailleurs les inégalités entre les Etats, les peuples et les cultures s’aggravent indéfiniment.
Devant cette situation, les analystes sociaux recommandent aux pays du Sud et aux mouvements sociaux qui les représentent, de se tourner vers la recherche des résistances et des alternatives à la mondialisation uniforme. Ces alternatives, - sans dire leurs noms – doivent permettre aux peuples du Sud d’entrer activement dans le village planétaire sans toutefois perdre leur identité culturelle locale. Il s’agit donc de mettre en place une dynamique locale qui passe par l’autoprise en charge des communautés, la mise en oeuvre des capacités et valeurs culturelles locales dans la participation populaire à la réduction des effets néfastes de la mondialisation unilatérale. Mais concrètement comment pourrait se présenter ces alternatives ?
La présente dissertation doctorale a la prétention d’examiner l’action collective kimbanguiste en RDCongo comme un cas d’alternatives pour la réduction de la dépendance du Sud par rapport au Nord.
Notre préoccupation est de savoir si le Kimbanguisme constitue un système de valeurs locales pouvant contribuer à la résistance à la dépendance et en une alternative au développement inégal ; de savoir aussi dans quelle direction faut-il travailler pour créer une nouvelle conception du développement national libre du modèle unique occidental ; et de dégager les stratégies qui seraient plus appropriées pour faire participer la RDCongo aux exigences du village planétaire.
Pour atteindre les objectifs de cette étude, nous avons utilisé l’analyse actionnaliste d’Alain TOURAINE. Les techniques d’observation engagée, d’entretien, de questionnaire et documentaire nous ont permis de récolter les données, alors que celles d’analyse du contenu et de statistiques nous ont permis d’apprécier les données. La théorie alternative, secondée par la sociologie de libération de KALELE-Ka-Bila, a présidé à l’explication des faits observés.
Quant à la subdivision de l’étude, nous avons quatre chapitres ainsi structurés :
- le premier chapitre définit les concepts usuels de la recherche tels que Eglise, religion, idéologie, système de valeurs, etc.
- le deuxième chapitre clarifie les concepts de développement et de sous-développement ; et fait une revue critique des expériences congolaises de développement.
- le troisième chapitre présente l’expérience kimbanguiste de développement (ou d’alternative Sud)
- le quatrième chapitre traite de la mondialisation plurielle.
Au terme de nos investigations, nous avons conclu que le Kimbanguisme constitue un système de valeurs et une alternative au développement inégal grâce à l’autoprise en charge des actions du développement organisées autour des stratégies de la décolonisation mentale, de la pratique du « Nsinsani » et du travail communautaire obligatoire.
Analysées de plus près, toutes ces stratégies font de l’action collective kimbanguiste une véritable dynamique de la « dé-connexion en douceur » et constituent en même temps des prolégomènes à une mondialisation plurielle où chaque culture locale apporte sa contribution au global.
Nous n’avons pourtant pas la prétention d’avoir épuisé toutes les dimensions des alternatives Sud, il appartient à d’autres chercheurs de nous compléter.